Famille de Cordemoy
Claude François de Cordemoy, seigneur de Francalmont, est issu d’une vieille famille de Vesoul, fraîchement anoblie. Son aïeul, Antoine Cordemoy, est notaire à Vesoul, tabellion général au Comté de Bourgogne. La génération suivante accède à la noblesse en 1600. Claude François de Cordemoy, né en 1628, hérite de la terre de Francalmont de son frère Oudot. Il poursuit l’ascension sociale de ses prédécesseurs : abandonnant la robe, il s’illustre, en tant que soldat, pendant les guerres d’Italie. Ses exploits militaires et les services rendus par son frère Oudot, lui valent d’être créé chevalier par lettres patentes de 1656.
Sa forte personnalité marquera la vie d’Oricourt où il va régner en maître pendant cinquante ans. Il habite au château durant la belle saison, avec sa première épouse, Anne de Bosredon, dame de Savigny et ses enfants. Avisé et prudent en affaires, il fait preuve néanmoins d’une grande opiniâtreté. Ainsi, en cette année 1680, il tombe malade et doit aller se faire soigner à Vesoul. Claude François confie alors la garde du château à sa fille aînée, Gabrielle, âgée à peine de 16 ans. Celle-ci profite de l’absence de son père pour s’enfuir et rejoindre, en contrebas du château, un jeune et bel officier de cavalerie, Mathieu Vincent, seigneur de Montjustin. Ils se marient aussitôt. Le sieur d’Oricourt, profondément blessé par cet affront à son autorité, déshérite sa fille qu’il refuse de revoir, la considérant désormais comme morte.
En 1700, Claude-François de Cordomoy, alors âgé de 74 ans, achète, moyennant finance, l’office de Lieutenant des maréchaux de France pour le bailliage de Vesoul. Cette charge lui donne le pas dans les cérémonies publiques immédiatement après les gouverneurs, lieutenants généraux et lieutenants des Provinces.
De sa seconde union avec la jeune Anne-Claude de Crosey, Claude François a encore de nombreux enfants, dont sept lui survivront. A son décès, à la fin de l’année 1706, il laisse Oricourt à son fils aîné Claude Pelage, tout en réservant l’usufruit de l’ensemble de ses biens à sa veuve qui vivra jusqu’en 1743. En 1708, Gabrielle intente un procès à sa marâtre et à ses demi frères et soeurs pour retrouver sa part d’héritage mais elle échoue et n’obtient même pas le droit de chasser sur les terres de son père.
Ce procès très important, de plus de 150 témoignages, nous permet de mieux comprendre le quotidien d’Oricourt à la fin du XVIIe siècle. La Comté est définitivement française depuis seulement deux ans à l’époque du mariage de Gabrielle. Les témoins de ce procès font souvent référence à des évènements importants pour dater leur récit. Beaucoup parlent des missions organisées dans les paroisses pour faire face à l’influence de la religion protestante et d’autres situent leur témoignage par rapport à "l’année de la grande cherté", 1694. En effet, de 1690 à 1709, la France va connaître une période de météorologie défavorable, de mauvaises récoltes et de disette.
En 1761, Claude Pelage, sans descendance, lègue le château et la seigneurie à Jeanne Claude, fille de son frère, Claude François de Cordemoy, sire de Francalmont, à l’occasion de son mariage avec François Gabriel, marquis de Chapuis.